Azerlead, toi qui étais un bon petit, toujours prêt à aider ceux de ton espèce, tu as grandi et mûris au sein de ce clan qui était toute ta vie pour toi. Ô, mon enfant, je ne suis plus là pour sentir ta chaleur, sentir ton odeur… Ce temps-là me manque tellement, que je rêve encore de ce passé qui m’a permis de t’offrir la vie.
Depuis le jour de ta naissance, je savais que ta destinée sortait de l’ordinaire. Je l’ai toujours dit et je te le répétais dans ton sommeil, lorsque ton corps était collé contre le mien. Si gentil, si attentionné, je ne pouvais pas rêver meilleur fils que toi. Cependant, le monde a désiré que tu grandisses loin de moi, en oubliant le reflet de mon visage blanchâtre. L’on m’a trouvé et emmené, mais je t’ai sauvé mon fils… Ne l’oublie jamais mon petit… Même loin de toi, j’ai toujours été présente à tes côtés…
Je n’ai pas eu l’occasion de te voir grandir, car les hommes m’ont capturé… Je me souviens encore de ce jour maudit, tu étais bien trop jeune, mais peut-être rêve tu encore de ce cauchemar ? Celui où nous nous promenions ensemble sur cette terre si particulière, celle qui te faisait sourire. Je les avais entendus approcher, mais la fougue de la jeunesse, tu n’as pas tenu compte de mes paroles et partis à l’aventure, chassant les papillons. Tu étais si adorable mon fils… Mais je t’ai pris par la peau du cou pour te cacher en te disant que c’était un jeu, et que tu devras me trouver… Je t’ai souri et un ronronnement est sorti de ma gorge. Je croyais vraiment te revoir, mais les hommes ont été les plus tenaces et plus fort… J’ai fini par m’endormir lorsqu’ils m’ont tiré dessus. Je me suis éveillée dans un endroit, et la tristesse ne m’a jamais quitté…
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Azerlead, je t’ai trouvé errant au milieu d’un territoire qui n’étais pas le tien. Lorsque je t’ai trouvé, tu étais épuisé et sans l’odeur de ta génitrice. Je t’ai pris par la peau du cou, te transportant jusqu’à notre clan. Sans dire un mot, sans aucune histoire, je t’ai pris sous mon aile. Je t’ai élevé comme mon propre enfant.
Tu es devenu grand et fort comme je l’aurais voulu pour ma propre progéniture. Je t’ai endurci et entraîné pour que tu deviennes le meilleur de tous les chasseurs. Jamais nous n’avions abordé le sujet de la disparition soudaine de ta mère, au fond de toi, tu savais ce qui c’était passé et le silence était à privilégier…
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Un jour, nous sommes partis mon oncle, te souviens-tu de cette douce brise ? J’étais devenu un adulte fort et puissant, faisant honneur à ton entraînement. Nous sommes partis en quête de nourriture pour notre clan. Cependant, rien ne, c’est passé comme on le pensé… Depuis que les sans poils sont venu sur notre terre, des félins disparaissent… Nous allions attraper un chevreuil, un gros chevreuil, mais une odeur étrange est parvenue jusqu’à mon museau et au milieu des buissons, je l’ai vu avec son grand bâton… Toi qui m’as sauvé la vie, toi qui m’as offert une éducation digne d’un grand monarque, je ne pouvais pas te laisser mourir de la sorte…
Comme tout bon soldat, comme bon félin, et l’instinct pris le dessus sur la raison, je l’ai chassé… Cependant, lui qui n’était pas seul et de son grand bâton des flammes se mirent à cracher… Je me suis écroulé sur le sol, croyant que j’allais mourir et je t’ai crié de fuir… Mon oncle… Protège notre clan de ces visages pâles…
Tout est devenu sombre autour de moi, et je me suis réveillé avec une horrible douleur à l’estomac. Une chose blanche empêchait mon sang de couler et quelques choses qui n’était pas à moi avaient refermé la blessure. Je me suis retrouvé enfermé, et j’avais beau crier de toutes mes forces, personnes ne sembla m’entendre…
Comme si le destin me jouait une farce, j’ai revu ce visage que j’avais oublié dans mes souvenirs. Il s’est rallumé telle une flamme éternelle, elle était là… Si proche et en même temps si loin… Je me suis approché, de peur de me tromper, mais sur son visage, j’ai vu des larmes perler et la douleur était si grande, qu’elle se précipita vers moi en ronronnant si fort que les hommes nous observèrent. Je l’ai retrouvé mon oncle… Elle ne m’a pas oublié…
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Voilà un an que je vis au milieu des bipèdes, ils me nourrissent et certain ne semble pas revenir. L’on m’a placé avec d’autres félins, certain que je connaissais, d’autre non. Avec le temps et la maltraitance des hommes, j'ai finis par devenir un félin des plus violent... Ce n'est pas ce que désirait ma mère, et dans son regard, j'ai pu le deviner... Elle était triste de voir ce que j'étais devenu, ne supportant plus la présence des autres, et encore moins le manque de respect...