Ces derniers jours, quand nous avions le droit à respirer l'air frais de l'extérieur la chaleur était insoutenable et quand bien même nous étions à l'ombre grâce aux toitures des enclos, la météo restait très lourde. Ce genre de journées fortement ensoleillées m'étaient assez difficiles à supporter et je préférai alors les pluies incessantes dans ces cas là. Dans ces moments, mes congénères devaient souvent me voir coucher le long des bâtiments, servant de murs à nos enclos extérieurs. Un mur frais grâce à sa matière. Parfois je changeais de place avec les tuyaux amenant de l'eau potable. Cette sensation de goutte d'eau se déversant dans mon pelage était un maigre plaisir pour rappel des étendues d'eaux ou il était bon de s'y baigner. Aujourd'hui je n'étais pas très tranquille. Il y avait trop de changements et je me demandais ce que pouvait bien mijoter les humains.

Tout d'abord, mon fils était à nouveau entre notre compagnie. Mélangés à quelques autres captifs et ce, de plus en plus souvent, maintenant qu'ils savent que ma fille a un certain pouvoir de canalisation sur lui. Malgré tout, j'avais encore un peu de mal à la laisser s'approcher de lui. Comment être certaine que son don fonctionnera toujours? Comment être sure que son pouvoir aura toujours plus d'efficacité que la colère de mon fils? Nous étions en retrait de lui et déjà nous ressentions sa tension s'intensifier. De plus, il y avait cet enclos bien plus grand que tout ceux connus depuis mes nombreuses années de captivité. A y penser, j'étais une des dernières plus anciennes. J'espérais sans plus trop d'espoir, mais la lutte était une forme d'espoir. On pourrait croire que j'avais abandonné, mais j'observai tout. Les humains m'avaient que trop bien compris sur ce point. Ils se méfiaient plus de ma capacité de mémorisation et de leurs erreurs dont je pourrai me servir que de mon fils imprévisible. Sa force était faible contrairement à la sécurité mise en place, mais jusqu'à combien de temps?

Azer était devenue une arme, qu'il fallait manier avec intelligence et patience. Seul, jusqu'ou pourrait il aller, jusqu'ou les morts seraient à ses pattes ? Chassant mes sombres pensées, je reviens à la réalité. Le climat change lui aussi, il devient sombre apportant avec lui une fraicheur particulière. Ma fourrure s'hérisse comme si je sentais un mauvais pressentiment. Les bipèdes l'ont senti aussi et ils courent dans tout les sens, ils s'inquiètent. S'ils sont paniqués c'est qu'un danger difficilement maitrisable arrive vers nous. C'est une aubaine comme une mort certaine. Nous devons rester sur nos gardes et réfléchir avant d'agir car nos choix pourraient nous êtres fatales. Pourtant je ressens au plus profond de mon Être, la possibilité d'une escapade. Tandis que les tigres discutent entre eux et pèsent les pours et les contres, je m'étais redresser sur mes quatre pattes, positionnée au devant des barrières, regardant droit devant la menace. Allait elle tout détruire sur son passage? Permettant alors la fin des grillages et une ouverture pour notre fuite? Pourrions nous nous protéger sous cette trappe avec l'espoir que celle ci ne se referme pas? Quelqu'un oserait il bloquer la porte au risque de se blesser contre la technologie des Hommes? Et si la menace de dehors était bien pire? Et si son contact pouvait être mortelle?

Aloy avait remarqué les nouveaux venus, mais le temps n'était plus à la présentation, il fallait vite s'engouffrer pour se mettre à l'abri. Elle fut parmi les premiers à inciter aux autres de pénétrer l'intérieur de la pièce, mais fut la dernière à y entrer. Une fois à l'intérieur, elle fut pendant quelques secondes surprise de voir les humains en face. L'emplacement était différent, mais elle reconnaissait bien les salles, même si elle n'avait encore jamais mise la patte dans celle ci. A quoi jouaient ils? Aeter tomba dans le piège de se prendre leur mur invisible, mais sans trop de mal. Je laissais ma fille être plus libre de ses mouvements, elle avait envie depuis un moment de se rapprocher de son frère, elle ferait ce qu'elle juge digne. Nous étions dans un endroit bien trop renfermé pour que j'ai confiance en la maitrise d'Azer. Nous devions rester le plus calme possible. Je vais alors me rapprocher de Falcon, une vielle connaissance de la tribu avec qui j'adorai chasser. Cela faisait longtemps, lui aussi avait changé avec les années, mais il restait toujours autant galant.

" Arrives tu à le voir ? Eux aussi attendent que le mal se fasse. "

Lui dit elle d'une voix basse, que seul les tigres bien proche d'eux deux pourraient entendre. Ils respiraient l'inquiétudes et l'attentes. Nous avaient ils sauvés en nous permettant cet abri ? Pour sauvegarder leurs objets d'études que nous sommes. Elle était toujours là, celle qui passait son temps à nous surveiller. Nous étions si précieux pour elle. Je ne pouvais m'empêcher que de surveiller de temps à autre la trappe, je devais arrêter de regarder, mais ils devaient surement le deviner aussi, que la fuite ne tenait qu'à un fil. Mes yeux fixaient alors les humains tout en surveillant du côté tout les captifs présents dont surtout mes enfants.

Comme il est surprenant de ne plus pouvoir entendre le violent bruit qu'est le contact de son fils sur le mur invisible, tant le danger de dehors est bien plus menaçant. Était il venu par dessus eux ? Ce qui expliquait la petite secousse venant de haut? Tout est arrivé si rapidement, que la sage Aloy en a eu un sursaut. Ses oreilles étaient plaquées derrière son crane et sa tête était basse contrairement au reste de son corps. Son pelage par reflexe, entra en contact à la fourrure de Falcon. Son dernier interlocuteur qui avait eu juste le temps de lui répondre avant le grand fracas. Elle se rassura ainsi un instant de sa présence. Un geste qui se voulait purement amical, de soutien, mais qui pouvait paraitre équivoque pour quelques regards, peut être. Après avoir repris ses esprits, la femelle s'éloigna du mâle pour tenter de s'approcher d'Azer. Celui ci semblait basculer dans une colère s'intensifiant en même temps que le brouhaha de l'extérieur.

" Azerlead ! Ces murs sont infranchissables, je te l'ai déjà dit ! Si tu as du mal à te contrôler, regarde plutôt du côté de Falcon. "

Lors de l'appel de son nom, la mère du élever le ton. Un rappel de son prénom permettait de le reconnecter à qui il était et ce qu'il faisait là. Si du moins sa conscience était bien encore là. Il fallait qu'il se concentre sur les bipèdes entrant comme par magie. Ils semblaient avoir pénétré l'enclos en profitant du raffut de dehors un instant et nous empêchant de repérer un moyen de se sauver. Fuir dans les couloirs des humains était possible, mais s'était aussi très dangereux. Il fallait être prêt et tout savoir de ou aller ou éviter des désagréments et ainsi de suite. La tigresse n'était pas à l'aise car l'endroit était nouveau pour elle et les évènements survenant aussi. La femelle se positionna un instant devant la cible de son fils, en évitant tout assaut sur sa personne, puis en accourant vers Falcon, dans l'espoir que son fils suive sa trajectoire. Une pauvre captive avait sombré dans le néant lors du chahut de dehors.

" Je parlais du mal de dehors. C'est la première fois que je l'entends, ils ne paraissent pas sur d'eux. Mais méfie toi aussi des bipèdes. Nous ne pouvons pas leur faire confiance sauf si cela reste dans leurs intérêts. Pour le moment, ils semblent la vouloir ou vérifier juste si elle va bien. Ils vont tout faire pour la garder vivante. Un chaman ici, c'est un chaman sans ressources. Laisse-les l'examiner et apprends tout ce que tu peux retenir. "

Dit elle au chasseur, quant elle revint vers lui. Aloy  prenait soin de ne pas se montrer agressive envers l'Humain, mais protectrice pour les siens. Elle tenta ensuite de reculer, pour essayer de convaincre Falcon du potentiel des hommes. Parce que s'ils combattaient de front, ils ne gagneraient rien. Filouter était la meilleure solution. Au moment ou ils partiraient, il y aurait peut être une ouverture et la femelle dans tout les cas, serait sous les pattes de quelques personnels soignants. ils étaient bien distincts des attaquants. A force il était facile de les distinguer. Azer devait être à l'écoute d'une faille, il était leur meilleur arme pour attaquer au bon moment, si du moins il saurait ne rien faire capoter. Aloy posa alors un regard sur les têtes connues, afin de voir au mieux leurs réactions et se préparer à toute éventualité en conséquence.