Ce sol glacial, je pouvais le reconnaitre même dans le néant tellement j'avais foulée mes pattes dessus. Je devais être à nouveau dans un de ces enclos d'intérieur à la fameuse salle de réveil. Alors, me voilà de nouveau dans le monde des vivants. Mon corps semble meurtri, je me sens si lourde qu'il m'est impossible de bouger. La seule chose que je puisse faire c'est d'utiliser mes sens et encore, pas toutes. Je respire, je ressens les odeurs autour de moi et il y a des personnes autour de moi. J'entends également des pas, des voix et des mouvements par endroit et aussi assez prêt de moi. Je maitrise le toucher tandis que je réfléchis au gout, je sens ma gorge sèche. J'ai faim, mais surtout soif.

Dans cette pièce ou je me trouve les humains aiment nous surveiller de prêt avec de drôles de machines et d'outillages de leurs cultures. Comme à leurs habitudes, ils nous libèrent après un certain temps quand ils jugent que tout se passe bien. Il m'est déjà arrivé de mentir pour regagner les enclos intérieur, mais leurs appareils semblent détecter quand je joue la comédie. Pas la peine d'essayer et puis je viens à peine de revenir même si j'ai l'impression que cela ne fait que cinq minutes que j'ai été endormi de force contre ma volonté. J'ai beau essayé de tenir le plus longtemps éveillé, ils trouvent toujours le moyen de gagner et à chaque fois mon réveil est plus dur. En parlant de ça, quelque chose de soudain arriva.

Je me sentis vomir, la gueule difficilement ouverte. Tout mon corps avait comme des picotements et peu à peu je reprenais contrôle du bout de mes oreilles, de mes griffes et de ma queue. J'arrivais même à bouger mes paupières même si s'était difficile de les ouvrir. J'avais mal. Ca y est, la lumière vint à moi et comme à chaque fois je me fais avoir et cela m'aveugle un instant. Je suis belle et bien à l'endroit distinguée et cela ne me plait pas. Je lâche un râle plaintif parce qu'ils ont encore fait des choses en moi et qui restera à jamais. Comment cela fait il que mes propres enfants ont développé des aptitudes tandis que dans mon cas, jamais ? A moins que les Hommes n'aient fait que des examens ?

J'arrive un peu à bouger mes pattes et me redresser de sorte à être couchée. Je me lèche les babines afin d'enlever trace de ma souillure. Une gamelle, de l'eau, oui ! Je tente de me lever et tombe, mais ma gueule est assez prête pour pouvoir m'abreuver et elle est fraiche, agréable. Je me sens mieux. Les bipèdes s'activent, je sens l'odeur de la viande qu'ils ont sorti de leurs frigos. J'ai faim et je leur dis avec de nouveaux miaulements rauques. Puis dans ma complainte je remarque alors mes partenaires d'enclos, même si chacun est dans sa propre cage, ils sont là et on se tiendra compagnie jusqu'à regagner notre semblant de liberté...

Je me réveille tout chamboulée. J'ai été endormie encore une fois et on m'a ramener dans une salle. Il y a d'autres gens, j'ai peur. Je sens leur odeur et j'entends aussi les pas des humains. Mes yeux sont fermés et je suis toute engourdie. J'ai tellement soif mais je suis tellement fatiguée. J'hésite entre rester ainsi allongée ou essayer de trouver des l'eau. Il y en a toujours au réveil. Au moins ils nous donne à boire et à manger. Mais pourquoi ils nous font ces choses? Enfin je suis un peu habituer maintenant.

J'ai mal partout. J'essaye d'ouvrir mes yeux mais rien ne se fait. Je ne vais pas bouger, ça va partir tout seul.

Après quelques minutes j'entends que les autres commences à bouger et à miauler. Ils font tellement de bruits je suis terrifiée. Je réussi à rouler sur le côté. Je pense que si je ne fait pas trop de bruit personne ne me remarquera et je pourrai vite revoir Hiamphy. J'espère qu'elle n'a pas été endormie, elle déteste ça. Elle me manque.

Je fini par ouvrir les yeux et me faire éblouir encore une fois par la lumière venant du plafond. Je reroule sur mon ventre et regarde autour de moi, à travers les barreaux. Il y a tellement de monde! J'espère que mon humain va venir me voir. Il est toujours là à mon réveil d'habitude. Il m'apporte de l'eau ou à manger. Je pose ma tête entre me pattes et je regarde furtivement à droite et à gauche en faisant attention à ne pas bouger. Les gens grondent, tout comme mon ventre, je les comprends. À côté de moi il y a une grande tigresse blanche qui a vomit et qui gronde. Si je ne bouge pas elle ne va peut-être pas me remarquer.

Enfin je vois mon humain arriver au loin! Avec de la viande en plus! Oh, j'espère qu'il va venir me voir.

Mes râles se transforment en miaulements quand je remarque que les humains ont bientôt fini leurs préparatifs. Il y en a suffisamment pour chaque tigres dans la pièce et nous sommes nombreux. Il y a tellement de chahut qu'il est difficile d'entendre sa propre voix, mais c'est parce que nos ventres crient famines. L'odeur alléchante de la viande cru qui s'approche de ma cage me fit ronronner de plaisir. Ces bipèdes ont réussis à nous rendre inférieurs à leurs égards, maitre de nos émotions et quand bien même cela m'énerve de le savoir, je me lèche les babines à l'idée de pouvoir glisser cette nourriture dans ma gueule. Ils n'ont le pouvoir que parce que nous sommes attachés, ce n'est qu'un leurre.

J'oublis mes pensées révolutionnaires pour mieux me concentrer sur le jus qui coule dans ma gorge. Mes crocs fissurent la viande encore froide contenant un peu de glace. Ce sont des pics qui nous apportent la nourriture et nous devons alors l'attraper avec notre gueule. Les morceaux ont des tailles et des gouts différents et c'est à chacun sa chance. Aujourd'hui il semblerait que cela soit de la volaille et du poisson. J'attrape avec rapidité ce met délicieux que je gobe en deux trois mouvements. Ils ont une tonne de poissons, la pèche a du être bonne. Il y en a suffisamment pour satisfaire la faim de tout le monde et c'est tant mieux car cela veut dire que chacun d'entre nous sera assez fort pour survivre à leurs dernières expérimentations.

" Hey ! "

Fis je, quand les humains partirent avec leurs affaires et les carcasses restantes de la pièce. Ce mot était en direction de la jeune tigresse à ma gauche. Elle tentait de se faire discrète depuis tout à l'heure, mais c'est ce genre de comportement qui me fait devenir intéressée. Mon ton d'appel se voulait amical et pour parfaire mes bonnes attentions je frottais mon visage le long des barreau pour y apporter une odeur apaisante.

" C'est la première fois que je te vois ici, tout va bien ? "

Ajoutai je après m'être assise face à la cage de la femelle rousse. Vu l'âge approximatif que je lui donnais, elle était probablement très inexpérimentée par la vie, mais ce n'était qu'un jugement hâtif, il faudrait faire plus amples connaissances pour mieux visualiser qui elle était et si elle avait besoin d'une attention particulière ou non. J'essayai de me rendre la plus tendre qui soit pour la mettre en confiance. A présent que le repas était fait, ils allaient nous laisser tranquille une bonne heure, avant de vérifier de nos états de santé, avec le retour des têtes pensantes et de leurs papiers volants.

Un élan attendrissant submergea le cœur de la femelle maternelle. Voir ainsi cette pauvre jeune tigresse dans cet état lui donnait envie de la cajoler de caresses, mais les barreaux empêchaient tout contacts. Une certaine colère la prit de plein fouet un instant aussi, même si elle fut totalement dominée par l'amour. Pourquoi cette petite réagissait elle ainsi ? Qu'avait elle pu donc subir depuis son arrivée à maintenant pour avoir ainsi peur des siens? La rousse avait l'air plus inquiète de ses congénères que des bipèdes. Recherchait-elle figure protectrice? Ce n'est pas parce que les humains prenaient "soins" d'eux, qu'ils étaient une source sure...

" Bonjour... "

Lâcha t elle doucement et un poil mielleux. Il fallait y aller au ralenti avec son interlocutrice apparemment. Quand l'humain qu'elle observait depuis un moment revint, il vint directement vers l'enclos de celle dont je ne connaissais encore son appellation. Il venait lui mettre à boire d'à travers les barrières. Il était plus familier avec elle qu'avec tout les autres tigres. Pourquoi? Se pouvait il qu'il l'affectionne plus qu'un simple sujet? Ou n'était ce que ruse pour mieux la contrôler ? Les Hommes étaient tous différents, avec leurs propres caractères comme toutes autres espèces vivantes. Et quand ils s'approchaient d'un tigre, ils avaient tous leurs manières bien distinctes de s'en occuper, mais d'ordinaire celui là ne se comporte pas ainsi. Aloy observait silencieusement pendant quelques minutes le lien qu'unissait ses deux Êtres. Il s'occupait de la femelle après tout les autres, lui offrant même plus de sa présence. Après un petit temps à respecter cet échange ou il la nourrissait et autres, elle finit par émettre quelques miaulements. Paroles incompréhensibles pour l'homme, mais pas pour les tigres.

" Tu as de la chance, tu as quelqu'un qui veille sur toi. Ca fait depuis pas mal d'années que j'ai perdu ce privilège. "

Pas qu'un humain s'est occupé d'elle de cette manière, mais surtout le souvenir de ses propres parents, de son clan puis plus tard, de son compagnon et à présent qu'avait elle ? Les captifs? Ses enfants? A part se soutenir entre eux, Aloy n'avait pas plus cette forme de tendresse particulière. Elle était celle qui en offrait, mais pas celle qui en recevait. Bien que les humains l'appréciaient, cela n'était pas de cette manière là. Était ce parce que la sage tigrée était bien trop sauvage pour se faire dompter?

" Tu as raison de te méfier de nous. Certains tigres peuvent être méchants. Eux aussi le sont parfois aussi. Mais tu as bien choisi ton humain."

Dit elle, dans le but de la faire sourire en finissant sur une note positive. Aloy ne pouvait s'empêcher de conseiller sur les dangers alentours. Même si la petite avait confiance aux bipèdes visiblement, elle devait garder à l'esprit que tous n'étaient pas digne de confiance et qu'à l'inverse, certains tigres pouvaient l'être. En tout cas, Aloy n'avait rien choisi du tout, mais c'est un petit groupe d'individu qui l'avait fait en la renommant Kelyla. Ils avaient un regard différent sur elle et la tigresse n'en savait toujours pas pourquoi.