Par rapport à ses congénères, Lanval est bien moins imposant ainsi que musclé. Pour cause; sa croissance n'est pas complètement terminée, et il n'est pas improbable qu'il gagne encore de la masse musculaire ainsi que quelques centimètres. Il ressemble à un jeune tigre on ne peut plus commun, plus frêle que les adultes mais en bonne santé comme le prouve son poil brillant. Le grand félin possède un pelage roux, zébré de rayures noires. De petits yeux bruns sont incrustés sur son visage, et son museau est pourvu d'une truffe orange. Sa tête est sublimée par ses joues plus touffues. Tout son corps est bien proportionné, et le chasseur n'a aucune difformité apparente.

Si il fallait utiliser un seul mot pour le décrire, ce serait nerveux. Dans le climat où il est né, ce n'est rien d'étonnant; cependant, son angoisse est telle qu'elle en devient presque maladive. Il est constamment sur ses gardes, toujours méfiant. Son stress arrive parfois à le faire douter des siens, et Lanval peut parfois devenir impitoyable dans ses paroles sans pour autant être intentionnellement méprisant. Avec sa nervosité vient la peur : effectivement, le félin est peureux. Terriblement peureux. Une souris aurait bien plus de courage de lui. Il sursaute au moindre bruit, et n'hésite pas à prendre la poudre d'escampette sans se soucier de quiconque d'autre.
C'est un défaut dont il n'est pas fier, qu'il déteste d'ailleurs de tout son être. Après tout, les héros sont censés être courageux. Ils aident leur prochain, portent l'espoir d'un nombre incalculable de personnes, mènent toujours leur tâche à bien. Lanval n'a rien d'héroïque. C'est un fuyard, un lâche, un poltron qui n'a pas la carrure d'un protagoniste. Il ahborre ce qu'il est, et ce qu'il ne peut pas être, tout en temps nourrissant secrètement l'espoir d'un jour accomplir quelque chose d'héroïque.
Malgré ses nombreux défauts, le chasseur est bien plus qu'un tigre constamment agité. Il sait faire preuve de compassion, et même si il reste toutefois très nerveux, il n'a généralement aucun problème à échanger avec les autres membres de la tribu Valken. Bien que ses paroles peuvent être blessantes à cause de son habitude à être sur la défensive, Lanval sait aussi dire des mots réconfortants. Il est très observateur, mais aussi vif d'esprit; deux qualités précieuses qui sont pourtant mal utilisées, car il tire souvent les mauvaises conclusion à cause de son angoisse habituelle.

“ Son poil roux semblait, au soleil, pareil à de l'or ; zébré de rayures rousses, celui-ci resplendissait. Sous son pelage, ses muscles saillaient, et sa taille modeste n'influençait pas ses aptitudes en combat. Il avait traversé maintes contrées, il avait vu vaincu. Il protégeait les tigres des terribles Hommes, et autres créatures mal intentionnées qui avaient le malheur de croiser son chemin. Sur son passage, on l'acclamait pour ses accomplissements. Il était un héros, un guerrier, un chasseur. Adoubée de diverses prouesses, adoré par ses pairs, ... ”

Jamais Lanval ne put entendre la suite du récit. Il connaissait la fin; mais pas de la bouche de son père.

C'est en été que le tigreau a pour la toute première fois ouvert les yeux. Un miracle pour ses deux parents, unique petit de la portée. Lanval était désormais son nom, empreint d'espoir; il partageait son prénom avec l'un des protagonistes des légendes de leur ancien groupe, il y a onze années de cela.
Il a grandit bercé par l'amour de sa mère et par les histoires diverses et variées de son géniteur, et rien ne lui a jamais manqué. Il n'avait pas besoin de frères et sœurs, car il y avait toujours des tigreaux de son âge pour jouer avec lui.
Cependant, voilà un an que les humains étaient réapparus, et que des félins commençaient à disparaître. La nervosité de ses aïeuls n'échappa pas au jeune chasseur, et celle-ci commença à déteindre grandement sur lui.

C'est après un an que les craintes de ses deux seuls proches furent confirmées : son paternel se volatilisa, sans laisser une seule trace. L'état mental de sa compagne se détériora très rapidement, et elle devint inapte à effectuer quelconque tâche, détruite par la tristesse.
Lanval se retrouva seul. Les récits de son géniteur lui semblaient bien loin.

Une autre année s'écoula; sa mère se remettait lentement de la mort de son géniteur. Encore aujourd'hui, les disparations perdurent; et la réapparition presumée de Kortes n'est pas là pour arranger les choses. Le futur est incertain.

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