Assis face aux paysages du fin fond des confins, j'observai la nature. Ici, la végétation était dense et agréable. Il m'arrivait souvent d'oublier ma présence au sein des enclos pour m'imaginer gravir les vallées de ce territoire vierge de toutes dégradations. Était ce comme la vie d'avant? Cela était dans tout les cas plus paradisiaque que la terre d'Artère. Ah.. Comme la tribu me manquait, avec toutes mes connaissances, mes proches et ma famille. Les parties de chasse, les courses poursuites, les bains de nuit, les histoires pour les petiots oui, tout cela me manquaient. Même la pauvreté et les étranges créatures me manquaient. Regardez moi et osez me dire que je n'ai rien raté. Tant d'années gâchées... Comment ais je pu tenir aussi longtemps? Le visage de ma fille me vint alors en image.

" Un nouveau dites vous ? "

Dis je, en tournant la tête après avoir entendu quelques tigres parler entre eux. Ils avaient semble t il flairer l'odeur d'un mâle. Je tentais alors à mon tour de sentir ce qu'il pouvait dégager, mais déjà les traces de l'homme avait empiété une bonne partie de son aura. Était il un des nôtres ? Quant il apparu dans l'enclos d'extérieur, sa démarche était si faible que j'eus le temps de l'observer. Un beau mâle, imposant qui me disait quelqu'un ou me faisait penser à mon compagnon. Parfois les tigres pouvaient se ressembler et nous mettre en erreur. Bien que je ne voulais pas supposer à peut être que, je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir une pensée à qu'il s'agissait peut être de mon fils. S'était dans notre nature d'y croire, l'inverse serait plus étonnant.

" Doucement, ça va aller. "

Dis je quand le mâle commença à s'agiter. Il avait une blessure qui commençait à saigner. Son comportement avait changé en une fraction de seconde. Il devint très réactif et en proie au bonheur, désireux de foncer en ma direction. Je me mis debout sur le champs tandis que mes congénères un peu sur la défensive, cherchaient à dissuader le mâle d'avancer. Cela pouvait arriver que certains ne soient pas sociables. Dans si peu d'espace, les combats pouvaient être mortels ici, sauf si on s'entraidait à calmer l'agressif. Je fis comprendre à mes alliés que je prenais les choses en pattes et puis après tout, il avait dit quelque chose d'invraisemblable. Alors ça y est, ils étaient à nouveau réuni, pour de vrai, cela n'était pas un rêve ?

" Azerlead ? Mon tout petit...? "

Qui avait bien grandit certes, plus grand et plus costaud que ne l'était son papa et sa maman. Une fierté, une beauté. Quelle pelage, quelles pattes, quel regard, mais quels crocs ! La joie s'afficha ensuite sur mon visage, j'en avais les yeux qui brillaient. Sans prévenir, je me mis debout écartant mes pattes avant pour accueillir mon enfant dans une accolade un poil violent. Puis je me rappelais qu'il était blessé et je lui redonnai sa liberté. Je posais alors à nouveau ma gueule contre sa joue, pour enfuir mon museau dans l'encolure de son poils. Respirer son odeur du plus que je pouvais, me reculer pour le regarder à nouveau. Azer... Que j'avais perdu... Il était bel et bien là ! Des larmes commencèrent à se créer et dévaler mes joues. Je n'arrivais pas à y croire.

Plusieurs gouttes tombèrent le long de mes joues, jusqu'à même toucher le sol. Mes yeux mêmes devinrent flous tant j'avais de tristesse à évacuer. Tout le mal s'était évaporé de mon corps pour laisser apparaitre la joie de vivre. A présent, j'avais une raison de plus pour me battre et amener mes alliés à ne pas abandonner. Si après toutes ses années le destin me ramène ce que j'ai perdu, alors la liberté n'est pas loin ! Pour l'heure, j'avais toute mon énergie sur ma progéniture et il avait surement à me conter depuis le temps ou nous nous sommes perdus de vue.

Quelques tigres pendant ce long moment d'étreintes et de ronronnements, cherchèrent à leurs tours à entrer en contact du mâle, afin de faire plus amples connaissances ou le saluer eux aussi en ancien partenaire de membres de la tribu. Voilà ou tout les tigres disparus étaient et ils étaient nombreux. Certains ici même, d'autres brulés car non survivants aux expériences et sans oublier les derniers, encore en cages individuelles ou les expériences se font et celles de repos. Chacun d'entre nous tournons, pour que tous puissent se dégourdir les pattes et se fassent analyser.

Ainsi était notre vie de captif. Deux choix s'offraient alors à nous : s'incliner pour avoir une certaine forme de paix ou se battre et en subir les conséquences. J'avais opté pour la première solution, mais avec l'option camouflage. Les humains avaient réussi à me gruger. Surement à cause de celle qui nous observaient tout le temps. Elle était très intelligente. Mais tout ceci, j'aurai le temps de l'inculquer à mon fils, afin qu'il comprenne rapidement ou il est tombé et comment au mieux se comporter. Il fallait à ce clan improvisé, un meneur rigoureux, peut être qu'Azer le pourrait?

" Hum.. Naharel. "

La tigresse que j'étais se sentait si reconnaissante. Ce mâle était le frère jumeau de mon compagnon, physiquement. Il avait aussi un mental bienveillant que j'appréciais beaucoup. A ses côtés, mon petit avait été entre de bonnes pattes. Le bras droit avait fait de mon tout petit, un chasseur remarquable. Je n'en doutais pas et je l'imaginais très bien. Il me tardait même de le voir de mes propres yeux et ainsi m'amuser à ses côtés quand nos griffes et nos crocs atteindraient nos proies. Cette liberté était si agréable qu'un élan de prédateur me revint, jusqu'à m'en lécher les babines. Depuis combien de temps avons nous perdu notre instinct ?

" Prépare toi à recevoir de multitudes de questions. Je sens que cela nous prendras toute la nuit. Si du moins, tu penses tenir ? "

Ajoutais je en lui faisant mine que sa blessure devait le fatiguer beaucoup. Il faisait jour encore, alors nous avions quelques heures devant nous avant de rentrer. Cela n'était même pas sure que je puisse me retrouver à une cage proche de la sienne lorsque nous nous retrouverons dans les intérieurs, mais si tel était le cas, alors je me voyais ne plus m'arrêter de lui parler. Comment aller Naharel ? Qu'était devenu notre tribu et la hiérarchie ? Qu'avait il fait de sa vie, de toutes les lunes qui étaient passées depuis ? Comment se portaient les héritiers de Kortes ? Comment mon fils s'était fait capturé ? Et puis moi aussi j'avais des choses importantes à lui faire part... Quelques tigres se présentaient, offrant leurs prénoms, leurs captivités depuis combien de temps, leurs bienvenues ici, même si cela aurait été mieux qu'il n'y soit pas. Il y avait eu des mots pouvant faire peur au petit, mais cela, il avait déjà du en voir un peu.

" Azerlead. J'ai cru moi aussi me voir mourir ce jour là. Mais les bipèdes avaient d'autres projets pour moi que juste ma peau, ma viande ou leurs sécurités. Te voir ici me remplit de joie comme me brise le cœur, mais maintenant nous n'avons plus le choix que d'avancer ensemble. Nous avons besoin d'être soudés pour fuir les Hommes. A trop nous ramener de futurs alliés, ils perdent leurs forces. Mais tu verras cela par toi même très bientôt. Je t'apprendrais tout ce que tu dois savoir. Profitons des retrouvailles pour récupérer le temps perdu et viendra ensuite les discussions fâcheuses. Fais moi rêver de tout ce que tu as vécu, mon beau. "

Commençais je d'un ton sérieux et malheureux. Il fallait qu'il sache rapidement que la vie ici était dure. Moins dure que la survie en tant que solitaire qui n'arrive pas à chasser, mais dure d'une manière si différente et choquante. Quand j'eus fini mon discours concentré, je finissais par une parole agréable. Je joins à mes paroles un geste affectueux, ne pouvant m'empêcher de lui offrir une léchouille baveuse sur sa joue. Comme j'aimais le faire quand il était tigron. Il n'était plus un enfant et il me faudra du temps pour l'accepter. Les autres tigres parlaient entre eux ou tentèrent de discuter avec mon fils. Je les laissais faire et parti m'assoir prêt d'une jeune tigresse endormie depuis tout à l'heure. La réveiller me démangeais et égoïstement, je voulais aussi mon fils pour moi tout seul, encore un peu et plus que au centre de l'enclos, parmi tout ces tigres qui n'étaient pas de mon sang. Une invitation qu'Azer allait certainement prendre à défaut des autres, j'en avais la certitude.