⸗REVE D'EVASION⸗

Æter

Une nouvelle fois je perdais le fil des jours. Depuis cet orage étrange qui m'avait valu de retrouver un peu de compagnie je ne comptais plus les jours. Souvent l'orage aux éclairs violets faisait rage, il faisait même trembler les murs et le sol, je pouvais le sentir dans mes moustaches. Il faisait même vaciller les soleils que les bipèdes mettaient partout. Et puis d'ailleurs, comment avaient ils fait pour attraper tous ces petits bouts de soleil ? Au final peu importait, ce n'était pas ça qui me permettrait de m'échapper de cet enfer aseptisé. De temps en temps je papotais avec mes compagnons de cellule. La vilaine femelle au museau plat avait paru surprise que je ne me batte pas avec les autres. Je ne sais pas bien pourquoi dans la mesure où ils étaient à peu près tous des camarades capturés comme moi de mon ancienne tribu, je ne vois pas ce que je pourrais avoir contre eux. Il y avait aussi des moments, comme actuellement, ou je grimpais et m'installais en hauteur pour avoir une meilleure vue sur l'ensemble du dôme. En fait, je passais le plus claire de mon temps à attendre mon heure, à observer ces créatures protégées par des murs invisibles et des grillages, et à chercher leurs points faibles, et les failles de cette prison qui me permettraient de sortir. Les murs lisses et transparent ne permettaient pas d'escalader, de toute façon le plafond était verrouillé de ce même mur transparent et brillant. Il y avait des murs partout, le sol était trop dur pour le creuser. La seule issue, c'était celle que j'avais prise pour arriver. Quoi que les autres avaient prit un autre chemin, peut-être y avait-il d'autres trappes d'évasion ?

⸗REVE D'EVASION⸗

Æter

Un mouvement attira mon attention dans ma vision périphérique. Je tournais la tête pour observer un amas de bipèdes qui rejoignaient la femelle. Ils allaient encore, encore kidnapper l'en de nous. Mais que fichaient-ils à la fin ? Qu'attendaient-ils de nous ? Et puis cette femelle, elle tendit sa patte dans ma direction, avec ses minuscules griffes ridicule. Je les avais déjà vu faire, j'avais déjà anticipé une riposte, j'étais prête. Déjà ils n'allaient pas me faire descendre de l'arbr... J'entendis la détonation, cela se passa si vite et en même temps c'était comme si le temps était suspendu. Je voulu bondir mais c'était déjà trop tard, la fléchette au pompon coloré était dans ma cuisse. Tout devint flou avant même que je ne touche le sol. Je tombais lourdement sans pouvoir me réceptionner et mes yeux se fermèrent lentement sans que je ne puisse mordre le moindre sans-poil, sans que je ne puisse formuler la moindre pensée.

Mes yeux lourds s'ouvrent. La lumière blanche m'aveugle instantanément. Je cligne des yeux une fois puis deux. Mon instinct m'aide à y voir claire assez rapidement mais mon esprit reste embrumé. J'entends leurs voix, des sons que je ne peux pas comprendre, encore moins avec ce qu'ils m'ont fait et qui me rend si lourde et lente. La femelle dont le visage m'est désormais familier passe sa patte nue sur le long de mon corps, mon instinct de survit aimerait si fort pouvoir se lever d'un bon et la chasser. On ne me touche pas comme ça moi, il faut être spécial pour posséder le droit de toucher à ma précieuse pelisse. A la place j'esquisse un mouvement qui en plus d'être mou était bloqué par des liens. Je voulu pousser un grognement de frustration mais ma respiration était sifflante, surement à cause de la fléchette qui fait dormir. Un autre s'approcha de moi, pire encore, il tendait les bras vers mon cou ! Je voulu me débattre plus vivement mais bon attaché et à moitié assommée je ne parvint pas à faire grand chose.

⸗REVE D'EVASION⸗

Æter

Les bipèdes m'injectaient des choses, des choses pas normales dans les veines. De quel droit ils me faisaient ça ? En plus ils me faisaient mal, les liens étaient trop serrés, les produits dans mes veines me brûlaient comme un poison qui attaquait mes cellules les unes après les autres avec la lenteur sadique d'une torture. En plus ils me touchaient, souillaient mon pelage et emplissaient mes narines de leur puanteur. J'avais l'impression de me réveiller. Ma tête était lourde, mais je ressentais à chaque seconde un peu plus cette douleur déchirante et tout en prenant conscience de mes muscles contractés à la limite de la crampe. Malgré tout j'encaisse le coup et espère que la douleur se calmera rapidement.

⸗REVE D'EVASION⸗

Æter

Je ne savais plus trop ce que faisaient les bipèdes, ils ne bougeaient plus beaucoup. Et puis mon corps était si douloureux que je ne pouvais prêter grande attention à ces créatures de l'enfer. Depuis quand j'avais si mal ? Je pouvais sentir ma peau brûler, comme si un soleil ardent était venu lécher mon pelage pour me bruler jusqu'aux os. Je serrais les crocs très fort mais est-ce que cela me servait à grand choses ? Pas vraiment en réalité, j'essayais d'imaginer quelque chose qui me tenait à cœur pour tenir. Mais depuis le temps j'avais oublié les petits plaisirs de la vie sauvage. J'essayais alors de me souvenir des visages de mes camarades de parc. Falcon, Azer, et les autres.

Et puis je remarquais à ce moment là que je parvenais à articuler des pensées. J'avais mal au crâne mais ma tête n'était plus aussi embrumée. Je fis bouger ma patte avant droite, sortir et rentrer les griffes. Cela fonctionnait. J'étais à nouveau maître de moi-même. Mon seul objectif était alors de fuir cet asile de dégénérés mais mes liens me retenaient encore prisonnière. Il me fallait attendre qu'ils me détachent. C'est ça, quand ils me ramèneront en cellule je serai détachée, je n'aurai qu'à leur bondir dessus avant qu'ils ne referment la grille. C'était un plan risqué mais qui pourrait fonctionner. En attendant, j'encaissais cette douleur en attendant avec impatience le moment propice pour bondir et dégager de cet enfer.